"Le responsable qualité de Renault s'exprime pour garantir la fiabilité de la prochaine Twingo"
À l'approche du lancement de la nouvelle Twingo électrique, Renault multiplie les efforts pour lever les doutes sur sa fiabilité. Le calendrier de développement, réduit à une durée record, a en effet suscité des inquiétudes sur la robustesse du modèle.
Thierry Charvet, directeur de la qualité du groupe, garantit toutefois que cette accélération n'a pas sacrifié la phase de validation. Il précise que Renault a mis en place des procédures spécifiques pour s'assurer que les premiers acheteurs ne servent pas de « cobayes » et reçoivent un véhicule parfaitement abouti dès sa sortie.

Attendue en concessions en 2026, la nouvelle Twingo électrique séduit déjà par son design néo-rétro et sa modularité fidèle au modèle de 1993. Cependant, son temps de développement record de 100 semaines (soit environ deux ans) suscite des interrogations sur sa fiabilité finale.
Lors d'une rencontre au Technocentre de Guyancourt, Thierry Charvet, directeur de la qualité du groupe Renault, a tenu à rassurer. Selon lui, cette accélération ne compromet pas la robustesse du produit. La stratégie de Renault a consisté à gagner un temps considérable sur les phases de conception en amont (notamment grâce au numérique et à une collaboration avec la Chine) afin de dissocier et de sécuriser la mise au point du processus industriel et celle du véhicule lui-même.
Pour sa Twingo 4, Renault multiplie les prototypes afin d'accélérer les tests.


Thierry Charvet, qui dirige une équipe de 1 300 personnes, l'assure : cette conception accélérée ne signifie pas que la voiture sera moins fiable. Pour compenser un calendrier plus serré, Renault a choisi de fabriquer des prototypes réels beaucoup plus tôt afin de valider le produit en même temps que les outils de production à l'usine.
La marque respecte strictement son "livre de validation" habituel, mais elle fait face à un défi pour les roulages de confirmation (les tests en conditions réelles). Comme la durée totale de développement est réduite, les ingénieurs doivent faire rouler davantage de voitures simultanément pour atteindre le kilométrage nécessaire à la détection des pannes. Alors que la Mégane E-Tech avait mobilisé une centaine de véhicules, la flotte de test pour la future Twingo 4 sera encore plus importante afin de garantir qu'aucun défaut ne passe entre les mailles du filet.
Cette stratégie repose sur un constat simple : les ingénieurs ne testent pas une voiture de la même manière qu'un utilisateur quotidien. Pour traquer les moindres défauts, Renault déploie donc des véhicules de présérie non camouflés qui sont confiés à un panel très large de conducteurs internes.
Ce dispositif, baptisé "runs qualité", a été inauguré avec la Mégane E-Tech et s'est depuis généralisé aux R5, R4, Scénic et à la future Clio 6. Comme l'explique Antoine Sillard, directeur de la qualité industrielle, l'objectif est d'injecter une diversité d'usages que les tests en laboratoire ne peuvent pas simuler. En 2024, Renault a ainsi fait rouler près de 500 véhicules entre les mains de 1 800 employés issus des usines ou du Technocentre.
Ces conducteurs d'un genre nouveau rapportent en temps réel chaque anomalie détectée : un bruit de mobilier, un bug sur l'écran tactile ou une ergonomie perfectible. En multipliant les profils de conducteurs, la marque s'assure de couvrir toutes les habitudes de conduite possibles avant que la voiture ne soit livrée au public. Cette phase de test grandeur nature est le dernier rempart pour éviter que les clients finaux ne découvrent des défauts de jeunesse imprévus.

